Lebonplanciné - Dans paranoia, Sarah Paulson incarne semble angoissée, téléphone à la main lors d'une scène du thriller. Pourquoi ?

Paranoïa, un thriller angoissant et captivant

Après vous avoir donné les clés pour réaliser un film avec un iPhone, Lebonplanciné s’intéresse de plus près à Paranoïa, le film de Steven Soderbergh. La marque à la pomme a de quoi se réjouir, cette petite pépite américaine a été entièrement produite avec ses célèbres smartphones. Équipé d’un 7 Plus, le réalisateur signe un thriller psychologique prenant place dans un hôpital psychiatrique. Après une fausse retraite et un remake de son Ocean’s Eleven, le cinéaste continue ses expérimentations multi-directionnelles. En effet, son travail se présente sous différents formats et traite de récits divers et variés mais il reste fidèle à son thème de prédilection : l’environnement hostile.

Ici, il est représenté par une jeune femme, brillante data analyst, qui mène une nouvelle vie en Pennsylvanie après avoir été harcelée par un homme. Poussée à déménager à cause de lui, Sawyer, interprétée par Claire Foy, se retrouve internée contre son gré dans un centre psychiatrique. Elle tombe alors nez à nez avec son harceleur… Fait-il vraiment partie des membres du personnel ou n’est-il que le fruit de ses désordres mentaux ?

Suspense manipulateur

D’entrée de jeu, Paranoïa nous plonge dans une atmosphère étouffante qui colle parfaitement au sujet. L’introduction est courte et sans interactions. On y voit Sawyer entrer dans l’hôpital sans vraiment savoir qui elle est. On ne peut qu’être sensible à la manière dont la jeune femme est traitée. Le personnel la dépouille de ses vêtements, de son autonomie et de sa dignité. Et lorsque Sawyer accuse son infirmier d’être le harceleur qui la terrorise depuis des années, le doute est omniprésent. Soderbergh se joue des apparences et nous fait remettre en question les raisons de son internement.

Le réalisateur brouille les pistes entre vrais et faux malades mentaux. Cette confusion crée une certaine perte de repères et permet d’aborder la folie de manière sérieuse. Réel ou imaginaire, le prétendu harceleur de Sawyer apparaît comme un détraqué victime de démence : l’amour fou. Sa fixation sur une robe bleue de la jeune femme dévoile un nouvel angle. Sous la violence et l’obsession se cacherait du désespoir et de la souffrance.

Paranoïa, un mélange de genres

Plusieurs genres s’entremêlent. Le film dénonce un scandale social avec l’enfermement de patients pour tirer profit de l’argent de leurs assurances. En effet, le réalisateur met sur le banc des accusés les institutions psychiatriques américaines. L’héroïne semble être manipulée par des médecins qui ne la feront sortir qu’après avoir récupérer l’argent de son assurance. Il y a aussi le thriller qui nous fait valser entre l’hypothèse de la folie du personnage et la réalité de sa persécution. Également, le film d’horreur avec les possibles actions du psychopathe malsain et dangereux. Enfin, le film expérimental avec un tournage en huis clos au smartphone.

Du film réaliste dénonciateur au thriller angoissant, on se retrouve au coeur d’un piège qui se referme de l’intérieur et nous réserve de multiples surprises. De fil en aiguille, Sawyer passe de victime à suspecte. Sa fragilité mentale, sans doute bien plus profonde qu’il n’y paraît, pourrait bien avoir tourné au délire de persécution. Son soudain internement serait alors justifié…

Matière à réflexion

Au-delà de la fiction frissonnante que représente Paranoïa, l’actualité du propos transparaît. Cette histoire de harcèlement semble faire écho aux tensions nouvelles dans les relations entre hommes et femmes. Des tensions qui sont apparues sous l’ère post-Weinstein, l’ère du soupçon.

Dans un contexte où les cérémonies et festivals s’imprègnent les uns après les autres du phénomène #MeToo, Paranoïa donne à réfléchir. Le film offre un certain regard sur la question du harcèlement. Il alerte notre conscience et s’accorde à notre époque. Il interroge sur la reconnaissance du statut des femmes victimes de harcèlement et sur les conséquences qui en découlent.

La note de la rédac’ : un très bon plan à découvrir !

© Copyright photo Netflix

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Yann Gibbings

Yann Gibbings

Passionné par l’actualité, le cinéma, les nouvelles technologies, la musique et bien d’autres choses. Lebonplanciné est l’occasion pour moi de partager mes trouvailles, coups de cœurs et ma vision du 7e art. Retrouvez-moi sur mes réseaux pour échanger à propos des films ou séries qui vous ont marqué et vivre cette expérience avec moi.

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