La méthode Williams est à la fois un film sportif et un biopic sorti le 1er décembre. À la fois captivant, entrainant et offrant une réflexion sur la combativité, le film se présente à la fois comme une invitation et un avertissement. En effet, les fans des superstars du tennis Venus et Serena Williams, au talent exceptionnel, apprécieront cette histoire racontant l’ascension de ces deux légendes.
Mais chaque succès s’accompagne de sacrifices et l’on découvre les dessous du succès des deux sportives. De Compton à Wimbledon, de l’ignorance à la consécration, le film nous plonge dans le plan initié par Richard Williams pour ses filles. Bonne ou mauvaise surprise ? Lebonplanciné vous explique La méthode Williams.
La méthode Williams dévoile les facettes du personnage
Interprété par Will Smith, adepte des personnages à la fois attachants et irritants, Richard Williams est présenté comme un homme doté d’une forte personnalité. Dur de nature, il sait trouver les mots justes pour créer le déclic chez le spectateur tout en étant parfois démuni à l’écran. Ce n’est que lorsqu’il est poussé dans ces derniers retranchements que l’on prend conscience de l’entièreté du personnage. En effet, Will Smith incarne un homme qui refuse de reconnaître autre chose que sa propre vision du tennis et de la vie. Il met du cœur à enseigner telle une doctrine cette opinion à son entourage.
Cependant, l’on ressent une sorte de résilience lorsqu’il est mis sous silence par la personne qui le connaît le mieux : sa femme. Il faut reconnaître le talent de l’acteur lorsqu’il s’agit de jouer la vulnérabilité à l’écran. Bien que peu coutumier du fait, il excelle dans l’art de toucher son public. En montrant les blessures que la vie ou les circonstances ont faites au personnage qu’il incarne. Il utilise même souvent de l’humour ou de la philosophie pour contrebalancer cette image.
Richard Williams n’y échappe pas. Que ce soit une blessure physique provoquée par une altercation violente au coeur du quartier de Compton. Une violence verbale lorsque l’une de ses filles déclare en rentrant « Papa s’est encore fait tabasser ». Ou lorsqu’il raconte son enfance difficile à ses filles pour forger leur mentalité. À la limite de l’empathie, Will Smith ne fait que l’effleurer avant de reprendre l’intraitable marche en avant de son personnage.
Une vision claire et précise à l’origine du succès
Richard Williams a en effet un « plan » pour ses filles avant leur naissance. Le plan indique qu’elles deviendront des superstars du tennis. C’est ainsi qu’il entraîne ses filles, de jour comme de nuit. Sous la chaleur ou la pluie de Californiennes, pour en faire des championnes. L’aînée Venus Williams et sa meilleure amie de jeune sœur Serena Williams sont respectivement incarnées par Saniyya Sidney et Demi Singleton.
Lorsque Richard Williams s’adresse à un détracteur qui ne croyait pas en ses filles, il dit « J’ai deux Michael Jordan ». À vrai dire, pour un entraîneur de tennis ou un grand sportif, il est difficile de le croire. Un homme qui vous présente une brochure contenant l’avenir qu’il a planifié pour ses enfants, c’est peu commun. Plus difficile encore, le fait de lui faire confiance et de suivre son plan sans poser de questions.
Cependant, il manque une chose essentielle à ce film : l’exactitude du plan. En effet, nous n’en savons pas plus sur ce qu’il contient si ce ne sont les pincées que nous glisse ici et là Richard Williams. Également, nous pouvons à tort penser que les sœurs Williams sont les premières femmes noires à pratiquer le tennis de haut niveau. Le film ne mentionne à aucun moment Althéa Gibson. Et l’on peut à juste titre se demander si sa carrière n’a pas eu une influence sur le plan de M. Williams.
La méthode Williams, une affaire de famille
Le film nous rappelle que les sœurs Williams avaient une mère, Brandy, incarnée par l’excellente Aunjanue Ellis. Elle se retrouve quelque peu piégée dans le rôle de l’épouse qui soutient le poids de sa famille tout en ayant ses propres rêves. Cependant, toute la force de caractère de cette femme s’exprime à travers deux scènes d’une énergie époustouflante.
La première, sans doute la plus impressionnante, se produit lorsqu’elle en a finalement assez de l’auto dérision de son mari. Brandy connaît parfaitement son mari. Une alchimie forte les lie et une tension quasi-électrique se perçoit dans cette scène. Elle dévoile à son mari qu’il n’est pas le seul à avoir un plan. Et qu’elle aussi se donne corps et âme dans l’éducation scolaire et sportive de leurs filles.
Ainsi, elle le confronte à une réalité qu’il se complaît souvent à oublier : le succès du plan est une affaire de famille. Reinaldo Marcus Green exécute parfaitement cette scène dramatique. Il rattrape de ce fait les lacunes que l’on aperçoit dans les séquences de tennis. Trop souvent lointaines, quasi-robotiques, nous ne ressentons pas l’intensité du jeu. La logique voudrait que le film se termine en happy ending avec un couronnement d’une des deux sœurs. Il n’en est rien.
Une fin étonnante qui laisse un goût d’inachevé
La méthode Williams est suffisamment intelligent pour savoir que sa force réside dans son jeu d’acteur. Le réalisateur coupe judicieusement certaines scènes comme les actions de jeu, les réactions ou monologues de Richard et Brandy. Cependant, nous remarquons que l’intensité mise dans les scènes de violences de Compton n’est absolument pas la même que lorsqu’il s’agit de combattre le racisme des country club de tennis. En effet, la famille et notamment les filles semblent stoïques face à la situation. Trop gentils et complaisants, elles ont finalement le bon rôle face à l’adversité. Une image qui tranche avec le jeu d’acteur engagé de Jon Bernthal. Lui, dans le rôle de l’entraîneur Rick Macci, débordant d’énergie et rempli de frustration.
Finalement, les acteurs et actrices incarnent bien la situation dans laquelle se situe les personnages. Entre un père obnubilé par son plan, une femme battante dans l’ombre de son mari. Une grande sœur qui focalise toute l’attention et la petite qui construit sa carrière dans l’ombre de sa sœur prodige. Ces dernières, contrairement à Will Smith, doivent imiter deux des plus grandes athlètes ayant jamais pratiqué un sport. Le film aurait pu tenir en 1 h tant, l’apport sportif n’est pas significatif. Cependant, le jeu d’acteur fait oublier les 1 h 30 de cette belle pépite en ces temps difficiles.
La note de la rédac’ : un très bon plan à partager !
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