Lebonplanciné - Jeen-Yuhs, Kanye & Donda West assis devant leur maison de Chicago. Elle sourit face à la caméra

Jeen-Yuhs acte I : ascension de Kanye West

Sorti sur la plateforme Netflix, Jeen-Yuhs est à la fois une série documentaire sur le hip-hop et un biopic. Retraçant les débuts de l’artiste que l’on ne présente plus, la série a été filmée sur plus de 20 ans. Elle revient sur le parcours atypique du rappeur de Chicago. De ses premiers pas en tant que producteur jusqu’à la signature dans la maison de disque Roc-a-Fella Records. Ce documentaire nous fait vivre de l’intérieur les acteurs parfois méconnus de ce succès.

Mais derrière cette carrière se cache un grand nombre de refus et de doutes. Un chemin semé d’embuches qui, sans le soutien inconditionnel de sa mère, Donda West, sa famille, mais également de ses amis d’enfance n’aurait sans doute pas été aussi fulgurant. Après l’analyse de La méthode Williams, que penser de ce nouveau biopic ? Lebonplanciné décortique Jeen-Yuhs pour vous.

Jeen-Yuhs est la réalisation d’une vision

Filmé par Clarence « Coodie » Simmons, réalisateur et ami d’enfance de Kanye West, qui le suit depuis plus de 20 ans, ce biopic devait initialement sortir en 2005. En effet, le natif d’Atlanta ne souhaitait pas ternir son image alors qu’il était en pleine ascension. Cependant, le premier épisode, plutôt surprenant, nous dévoile une facette de l’artiste que l’on a pu observer au cours de sa carrière : sa vision. D’une confiance et d’une volonté inébranlable, nous voyons à travers la caméra de Coodie que dès le départ, Kanye West se voyait en véritable star.

Se définissant volontiers comme un visionnaire à des années-lumières de la tendance hip-hop du début des années 2000. En effet, Kanye West ne correspondait pas au standard des rappeurs américains de cette époque. Chicago, ville dans laquelle il a grandi, était davantage réputée pour ses MC que pour ses rappeurs. De plus, le rappeur savait que s’il devait démarrer une carrière dans le rap, cela devait inévitablement le conduire à New-York. La ville était en effet le cœur de labels à succès tels que Rawkus Records, Def Jam Recordings ou encore Bad Boys Records.

Début des années 2000, alors qu’il est membre de son groupe les Go Getters, il réalise des productions pour Jermaine Dupri, Foxy Brown et Harlem World. Il produit également des beats pour les rappeurs de Chicago Payroll & Don Ho mais obtient également des placements pour des artistes à travers tout les Etats-Unis. Bien qu’il se soit dévoué corps et âme dans ses productions, le rappeur admet qu’il réalise des beats sur lesquels il rap avant de les proposer aux artistes. Dès lors, il va tout faire pour enfoncer les portes des maisons de disques de New-York.

Un parcours atypique dans le hip-hop

A l’époque, rares sont les producteurs qui peuvent également mener la vie de rappeur. Ce sont en principe deux mondes bien différents au sein des maisons de disques. En tant que producteur, l’artiste gagnait déjà bien sa vie puisqu’il venait tout juste de produire l’album Blueprint de Jay-Z et était à la production de nombreux artistes du label Roc-a-Fella Records. Mais il aspirait à plus grand : avoir son propre album. Il enregistre des démos et les fait écouter à qui veut entendre. On le voit alors faire écouter le célèbre All Falls Down aux employés de la maison de disques sans que cela ne semble les impressionner plus que cela.

Il essaye alors d’enfoncer les portes de MTV et tente d’apparaître dans l’émission You Hear It First. Sway Calloway, alors producteur de MTV News, présentera l’émission consacrée à Kanye West. De retour à Chicago, le rappeur se retrouve dans un beef avec un de ses proches collaborateurs : Just Blaze. Il s’explique alors dans l’émission radio de Chicago, WGCI show. Dans cette émission il revient sur son parcours. Ses premiers pas de producteur, sa relation avec Dug Infinite ou No ID. Un clash qui semble marquer le jeune Kanye West puisqu’après un passage à New-York sans signer le moindre contrat de rappeur en maison de disques, il pensait trouver du soutien auprès des siens, à Chicago.

Jeen-Yuhs, entre aspiration et volonté de fer

Lors de son passage chez sa mère, accompagné de ses amis, Kanye West fera le plein d’énergie positive. Conseils, bienveillance et partage sont au cœur de cette scène. Nous comprenons alors d’où lui vient cette confiance en lui. Le groupe repart alors dans le New Jersey pour enregistrer à nouveau. Cependant, pour pouvoir percer sur la scène New-yorkaise et obtenir l’approbation de Roc-a-Fella, il lui faut l’appui d’un artiste local. Brad Terrence Jordan, dit Scarface est alors invité lors du session studio. Outre l’écoute des sons, le groupe souhaite le faire poser sur certains titres du producteur, devenu entre temps rappeur.

Jesus Walk et Family Business sont alors écoutés. Le second titre plaira à Scarface qui cependant ne posera pas dessus. C’est une nouvelle désillusion. Mais cette fois-ci, Kanye West qui a obtenu une validation précieuse de sa musique et son rap. Chargé à bloc, il tourne l’émission You Hear It First sur MTV. Ce sera un franc succès qui attirera l’attention de Dame Dash, fondateur du label Roc-a-Fella. La maison de disques est fin prête à offrir un contrat à West.

2002, la tournée de Jay-Z passe par Chicago, ce qui conduit le groupe naturellement dans leur ville d’origine. Nous découvrons des extraits de la ville et de ses habitants, qui seront présents dans le clip Through the Wire. Plus tard, le rappeur retrouve sa mère et retourne dans la maison où il a grandi. C’est un symbole fort puisque cela coïncide avec les paroles prononcées par sa mère quelques mois plus tôt. En effet, celle-ci souhaitait qu’il garde toujours les pieds sur terre bien que voulant s’envoler. Ce retour aux sources permet de ne jamais oublier là où tout a commencé : une petite maisonnette dans le district de South Shore, à Chicago.

Un premier épisode captivant et touchant

Jeen-Yuhs est un biopic filmé d’une manière inédite et dévoilant les débuts d’un artiste hip-hop, chose assez rare. L’aspect de ce documentaire, plutôt dynamique, tranche avec le format interview proposé par Voir de David Fincher, que nous avons récemment décortiqué. Ce premier épisode nous dévoile les coulisses de l’ascension de Kanye West. Un épisode touchant dans la mesure où nous apercevons par moment de la solitude dans le regard du rappeur. Solitude qui est accentuée par l’ignorance quasi-générale des employés de Roc-a-Fella Records. Ce fut le cas lorsqu’il tente d’attirer leur attention sur ses talents de rappeur, au cours de son premier passage dans la maison de disques. D’autant plus que d’autres artistes lui rappelaient bien qu’il était producteur et se devait de produire leurs hits.

Mais n’oublions pas les nombreux passages émouvants. Comme les échanges avec sa mère, avec ses amis d’enfance ou bien avec Ali Richmond, alors A&R de Rawkus Records. Ce dernier avait repéré la dimension artistique de Kanye West. Et pas seulement dans la musique, mais également la mode. Finalement, cet épisode de Jeen-Yuhs est une réussite. En effet, il permet de se plonger entièrement dans un biopic qui aurait pu être fade et lisse. Les traits de caractères de l’artiste sont bien dévoilés : égocentrique, motivé, ambitieux, audacieux et en proie au doute. Nous découvrons également le rôle primordial que peut jouer un entourage dans l’ascension d’une célébrité. Nous observons aussi ce à quoi doivent faire face certains artistes avant de connaître la consécration.

La note de la rédac’ : un très bon plan à partager !

© Copyright photo Netflix

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Yann Gibbings

Yann Gibbings

Passionné par l’actualité, le cinéma, les nouvelles technologies, la musique et bien d’autres choses. Lebonplanciné est l’occasion pour moi de partager mes trouvailles, coups de cœurs et ma vision du 7e art. Retrouvez-moi sur mes réseaux pour échanger à propos des films ou séries qui vous ont marqué et vivre cette expérience avec moi.

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