Merveilleux, fantastique, bluffant. Tels sont les louanges faites sur Parasite, le chef-d’œuvre de Bong Joon Ho. Le film ne laisse pas de place au hasard. De l’écriture à la mise en scène en passant par le message véhiculé. Entre thriller, comédie et drame, le film regorge de références et d’énigmes qui rythment cette intrigue pendant plus de 2 heures.
Ainsi, nous plongeons au sein de deux familles radicalement différentes : la famille Kim, avec Song Kang-ho dans le rôle du père, Jang Hye-jin dans celui de la mère, Choi Woo-shik le fils et Park So-dam, la fille. De l’autre côté, il y a la famille Park. incarnée par Lee Sun-kyun, le père. Cho Yeo-jeong dans le rôle de la mère, Jung Ziso dans celui de la fille et Jung Hyeon-jun, le fils. Mais que cachent ces deux familles que tout oppose ? Lebonplanciné se plonge sur le message de Parasite.
Un décor planté dès les premières images
Dès les premières secondes, le film nous plonge dans une atmosphère lugubre dans laquelle la pauvreté est reine. Au premier plan, des chaussettes suspendues à un luminaire du plafond, que l’on observe à travers une fenêtre donnant sur une rue à peine visible au second plan. Une des nombreuses rues quelconques de Séoul. Ensuite, le reste de la petite pièce (plus proche d’un sous-sol) dans laquelle vie la famille Kim : sans wifi, ils sont obligés de capter avec leur téléphone, le réseau de leurs voisins, vivant aux étages au-dessus. Le réalisateur plante un décor volontairement gênant et pauvre, à l’image de la famille y vivant.
Dans ce monde du dessous, où l’on peut deviner les odeurs putrides d’humidité, de fumée et de gaz, les Kim représentent la tranche la plus pauvre de la société coréenne. Leur appartement est infecté d’insectes. D’entrée de jeu, un contraste marquant entre le monde du dessus et celui du dessous est exposé. C’est alors que nous réalisons que l’enjeu de ce film est la lutte des classes sociales. Et c’est exactement cette cause que le réalisateur va s’amuser à décortiquer et à malmener.
Un miroir d’une société coréenne socialement violente
Parasite aborde avec esthétisme, la violence sociale de la société coréenne. Cela est si bien masqué qu’il faut attendre la fin du film pour comprendre toute l’intrigue. Les Kim sont les icônes de ce monde. Travaillant dans une chaîne de pizzerias, Ki-woo, le fils souhaitant s’élever socialement, tente d’obtenir sans succès, un poste permanent auprès du propriétaire.
C’est par un ami que viendra l’opportunité qui déclenchera toute l’énigme autour du film. Prêt à tout pour réussir, le fils s’adonne alors au mensonge, la falsification et la tromperie pour accélérer sa carrière. La réussite sociale passant par une course effrénée à la réussite professionnelle, est l’un des aspects pervers de la société coréenne. Ce jeu dangereux va le pousser à se mentir à lui-même plus tard dans le film. Peu importe, cette ruse est pour l’heure ce qui lui permet de faire la connaissance de la famille Park, une riche famille de Séoul dont le seul point commun avec les Kim est le désordre émotionnel dont elle semble souffrir.
Les Park sont l’archétype de la famille coréenne à succès. Dong-ik est le père fortuné, obnubilé par l’argent. Sa femme, Yeon-kyo, est d’une gentillesse et naïveté sans précédent. Leur fille, Da-hye, est une adolescente intéressée ni par ses études ni par son environnement et qui s’éprend pour Ki-woo. Leur fils, Da-song, est obsédé par les Amérindiens et une pratique artistique célébrée par sa mère. Ainsi, les Park représentent l’aisance financière que les Kim cherchent à atteindre. Cependant, vu uniquement sous cet angle, il est moins évident que leur vie sociale mérite d’être enviée.
L’écriture et les plans subtils de Parasite
Dans Parasite, Bong Joon-ho ne prend jamais position pour l’une ou l’autre famille. Le réalisateur invite ainsi le spectateur à faire preuve d’impartialité, positionnant le message au-dessus du film. De cette manière, la remise en question est constante et nous n’arrivons pas à comprendre les motivations derrière les comportements des Kim ou des Park. Au sein de cette métaphore, de subtils plans montrant la division des classes et ses effets pervers dans une société focalisée par la réussite.
Le film donne également de nombreuses raisons de soutenir chacune à son tour, les deux familles à l’écran. Dans un premier temps, nous voyons la riche famille Park exploite et se nourrit des efforts physiques fourni par les plus démunis. Tout ceci est remis en cause dans un second temps lorsque l’on découvre que la famille Kim et les autres personnages de la classe ouvrière présents tout au long du film, vivent des largesses offertes par les personnes aisées.
Bien qu’il n’y a pas de désignation des Kim comme étant des nuisibles, certaines scènes du film, notamment celle où l’on voit la famille ramper, font clairement allusion aux rats, cafards et autres créatures indésirables dans la société. Peut-on alors affirmer que les Kim sont des parasites ? À l’inverse, l’attitude des Park peut-elle les désigner comme les véritables parasites ?
Que retenir du chef-d’œuvre Parasite
De toute évidence, Bong Joon-ho a réalisé avec Parasite son film le plus abouti. C’est d’ailleurs l’un de nos films cultes. Dans un premier temps, nous découvrons une atmosphère drôle et surprenante, dessinant deux mondes que tout oppose. Dans un second temps, le film devient angoissant puis déroutant. Mais tout au long, le spectacle est au rendez-vous. En effet, plus l’intrigue avance, plus le dangereux stratagème des Kim se met en place. Chaque personnage principal fait alors quelque chose de moralement répugnant et les conséquences ne se font pas attendre.
Chef-d’œuvre à la fois sérieux et mélancolique, la fin de Parasite, est le reflet quasi parfait de son début. Ainsi, c’est une véritable claque intellectuelle que se prend le spectateur lorsque les masques tombent lors de la dernière scène du film. Ainsi, saurez-vous déceler qui est le véritable parasite ?
La note de la rédac’ : un excellent plan
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