Frank Lucas et ses associés dans American Gangster

American Gangster : la vie de Frank Lucas

Sobre et divertissant, American Gangster fait honneur aux classiques du genre. Retraçant une partie de la vie du criminel Frank Lucas, le film s’ancre dans la lignée des Affranchis et autre Le Parrain, avec en vedette Denzel Washington. Le réalisateur Ridley Scott nous sort un casting de tout horizon, avec Russell Crowe, Chiwetel Ejiofor, Josh Brolin ou encore Ted Levine.

Avec ce thriller policier haletant, difficile de faire la fine bouche. Et pourtant, bien que réussi sur bien des aspects, le film a été vivement critiqué pour son absence de scènes trash. Mais où réside le succès de ce film ? Lebonplanciné se plonge sur le classique American Gangster.

Une histoire d’images et de perception

Le film est avant tout une histoire de montages. Dans ce domaine, le mérite en revient à l’excellent Harris Savides et à son travail remarquable en tout point. Nous retrouvons également cet aspect dans le casting, presque entièrement composé de visages familiers. Mettant volontairement en scène l’image du mafieux et arriviste du capitalisme, le film basé sur l’histoire de Frank Lucas. Cette fois, un focus est fait sur l’arc de l’ascension vers la richesse, qui avait été porté au sommet dans Les Affranchis de Martin Scorsese.

Bien que différents sur de nombreux points, les deux films adoptent des postures identiques lorsqu’il s’agit de l’opulence. En effet, l’achat d’un manteau de fourrure très coûteux marque le début de l’automne. De plus, Jimmy Conway et Frank Lucas partagent une vision commune du haut banditisme lorsqu’ils se retrouvent au sommet : la discrétion est symbole de longévité. Ainsi, Lucas va à l’encontre de ses associés, passant inaperçu tandis que ces derniers mènent une vie de haut vol.

Cette sobriété en tout point est à mettre en opposition avec le mode de vie de son concurrent, Nicky Barnes. Ce dernier raffolant des clubs extravagant et vêtements bien voyants. Autre opposition, celle de Roberts de Crowe avec le détective Trupo (Josh Brolin), un personnage détestable, louche, habitué à obtenir des pots-de-vin de sa proie présumée et frustré par l’administration plutôt radine de Lucas. Avec ce dessin, il ne faut pas longtemps pour réaliser que le film établit des équivoques entre le flic honnête et le gangster plus honnête que la moyenne.

L’absence de violence chez Frank Lucas

Dans le premier plan, nous apercevons Lucas aider à l’immolation au coin de la rue d’un informateur anonyme. Cependant, ça sera tout. American Gangster est réticent à le montrer en train de faire quelque chose de trop choquant. Par exemple, un sous-entendu nous permet de deviner la mort d’un ennemi en plein jour. Également, vers la fin du film, lorsque Lucas accepte de dénoncer ses partenaires, c’est davantage présenté comme un acte contre les flics véreux. Par conséquent, le jeu de Denzel Washington ne s’éloigne pas du script. Ce qui ne permet pas de sublimer le rôle. 

Tout le contraire d’un Russell Crowe à la hauteur du film. Se glissant parfaitement dans la peau de son personnage, doté d’une énergie et d’une justesse incroyable, préférant volontiers des gestes physiques à la vanité. En outre, Crowe est mis en avant dans des scènes bien discutables. Par exemple, lors d’une audience de garde d’enfants stoppée par son ex-femme (Carla Gugino). Mais au lieu de sombrer où de se tenir au script, il rend ces scènes intéressantes et ça fonctionne parfaitement à l’écran.

American Gangster est truffé de références en tout genre

Le film contient un bon paquet de références. De la vie de Frank Lucas aux références historiques ou politiques. Par exemple, l’héroïne de Lucas, « Blue Magic », sa marque de fabrique, provenait d’Indochine. Cependant, elle était expédiée aux États-Unis dans les cercueils de militaires morts. Ainsi, le réalisateur crée un parallèle fort entre les activités douteuses des entreprises américaines à l’étranger et l’accélération des trafics en tout genre au États-Unis.

Ce ton accusateur, met en lumière les dérives issues des guerres actuelles. Mais le film American Gangster se veut plus opportuniste qu’incisif. Par exemple, dès son entrée en scène, Roger Bart possède tous les stéréotypes de l’homme hautement raciste. Ainsi, il refuse de croire qu’un « nègre » a réussi à faire travailler les mafiosi italiens pour lui. Ensuite, il se permet de traiter Roberts de « youpin » pour faire bonne figure.

Que retenir d’American Gangster

Finalement, le film de Bradley Scott est un film culte et une réussite. Non pas parce qu’il répond aux stéréotypes du genre. Mais justement parce qu’il arbore la posture d’une personne qui n’est pas spécialiste. La patte du réalisateur est alors proche de l’artisanat.

Ainsi, Scott ne vient pas repousser les limites du film de gangster ou même casser les codes de ces films. Non, son parti-pris se reflète par l’absence marquée d’horreur et dans l’attrition pure et simple de la compétence. 

La note de la rédac’ : un très bon plan

© Copyright photo Universal Pictures

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Yann Gibbings

Yann Gibbings

Passionné par l’actualité, le cinéma, les nouvelles technologies, la musique et bien d’autres choses. Lebonplanciné est l’occasion pour moi de partager mes trouvailles, coups de cœurs et ma vision du 7e art. Retrouvez-moi sur mes réseaux pour échanger à propos des films ou séries qui vous ont marqué et vivre cette expérience avec moi.

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