Ponyo sur la falaise est un célèbre film d’animation japonais. Réalisé par Hayao Miyazaki au sein du studio Ghibli, le film qui tire son inspiration de Mon voisin Totoro, aborde la thématique de l’imagination des enfants.
Entre douceur et légèreté, le réalisateur tranche avec les films allégoriques et adultes qu’il a merveilleusement abordés dans Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro ou encore Le Château ambulant.
Par conséquent, en quoi Ponyo sur la falaise est un classique de l’animation japonaise ? Lebonplanciné vous explique.
Ponyo sur la falaise, une inspiration entre le mythe et le conte
Le film d’animation s’enracine dans la vie domestique. Du début à la fin, le réalisateur aborde la relation entre l’imagination d’un enfant et la réalité d’une situation. Comme dit précédemment, l’inspiration de Totoro est évidente. Pour preuve, un clin d’œil est fait lors d’une des scène de chant, entre une mère et son fils.
En matière de référence, la liste est bien complète. Du mythe d’Urashima Taro à La Petite Sirène de Hans Christian Andersen, Miyazaki glisse subtilement ces œuvres dans sa création en prenant le soin d’apporter sa patte artistique. En effet, Ponyo, n’est pas une ancré dans la logique occidentale de la sirène, désirant à tout prix quitter la mer pour rejoindre son prince.
Ainsi, nous avons une mise en scène de personnages âgés de cinq ans. D’un côté, Ponyo (Noah Cyrus), une fille poisson sans gêne, issue d’un sorcier et d’une déesse de l’océan. De l’autre, Sosuke (Frankie Jonas), le garçon qui l’a repêché qui a repêché Ponyo dans la mer et apprend à la connaître. On aurait pu croire qu’une romance se mette en place naturellement. Mais l’auteur se focalise davantage sur les notions d’émerveillement, de fantastique et d’imagination tirés des mondes respectifs de ses personnages.
L’utilisation de la magie au cœur d’un monde réaliste
De par ses parents, Ponyo dispose de pouvoirs magiques. Elle peut ainsi se transformer, changeant son apparence de fille poisson en fille humaine et inversement. Cette transformation hautement humoristique est à l’origine du déséquilibre du monde. En effet, c’est à cause de l’utilisation de ce pouvoir que la ville de Sosuke est en proie aux tempêtes, fortes marées et créatures aquatiques mythiques. Ce mélange, entre fantastique et réalisme, crée la singularité du film et plonge le spectateur dans l’imagination.
Miyazaki est maître dans l’utilisation de la magie dans des décors réalistes. Contrairement aux films d’animation américains, dans lesquels le réalisme est poussé à son paroxysme, Ponyo déforme cette réalité. Par exemple, lors de séquences sous-marines, des bulles permettent aux humains de respirer sous l’eau. Le fantastique est aussi présent lorsque Ponyo, d’une apparence singulière, décide que quitter le vaisseau sous-marin de son père. Pour cela, elle perce un trou dans ces fameuses bulles et remonte à la surface, sur le dos de poissons géants. Toujours dans l’imagination, ces poissons se transforment en vagues avant de redevenir à nouveau des poissons, dans un cycle infini. Ce qui a le don d’étonner Sosuke, lui qui craint les créatures et mythes aquatiques.
De son côté, Ponyo voit de la magie dans la simplicité du quotidien. En effet, elle s’émerveille par les choses plus simples comme la prise d’un repas par les humains. La vie humaine dans son ensemble la fascine. Tout au long de son périple, elle apprend à découvrir ce monde, qui pour les humains, est rempli d’ennui et de banalités. En réalité, ce que Miyazaki dépeint est une forme de reconnaissance et de respect envers le monde tel qu’il est. Sans artifice, il y a des choses qui bien que naturelles et simples, ont un caractère fantastique et merveilleux.
Ponyo sur la falaise, une aventure faite d’acceptation
Le film est étonnant de par sa capacité à mêler aisément le réaliste et le fantastique dans un quotidien imprévisible. Dans une scène marquante, Sosuke et Ponyo se retrouvent à faire du bateau au-dessus d’une ville submergée. Voyant qu’ils sont suivis par des poissons préhistoriques, ils s’en amusent en hurlant les noms de ces immenses créatures. Parmi elles, seule une est issu de l’imaginaire, les deux autres ayant réellement durant la préhistoire. Cette intersection entre le réel et l’imaginaire est tout l’art de Miyazaki.
Enfantin à souhait, Ponyo est une intrigue pauvre et dispose d’une fin qui n’en est pas une. Dans ce film d’animation, il n’y a pas de véritable méchant. Pas de plot twist. Pas de combat contre le mal. Mais pourquoi vouloir à tout prix ajouter du sens lorsque l’on s’adresse à des jeunes enfants ? Le véritable mal, si l’on doit en trouver un, serait le comportement des adultes. Obnubilés, ils font preuve d’un certain détachement pour ce qui est de la beauté du monde. Ils sont également persuadés de faire les bons choix, mais se trompent régulièrement sans même s’en apercevoir. Pour Miyazaki, c’est là que réside la tristesse de ce monde et le plus grand défaut du monde adulte.
Que retenir du film de Miyazaki
Finalement, Ponyo sur la falaise est un film d’animation qui exhorte à faire preuve de patience et d’acceptation lorsque tout semble perdu. Il y a chez le réalisateur une volonté à s’inspirer de la naïveté de l’enfant lorsqu’il s’agit de trouver des solutions à des questions existentielles. Une critique à peine dissimulée du monde adulte, qui, par nature, prend l’insouciance et l’innocence de l’enfant comme de la méconnaissance du monde qui l’entoure. Alors qu’en réalité, ce sont bel et bien les adultes qui n’observent en rien le monde dans lequel ils évoluent.
La note de la rédac’ : un bon plan
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