Rafiki en proie à la censure. En effet, l’édition 2018 du festival de Cannes a débuté dans un contexte assez tendu, autour de plusieurs polémiques. On retiendra notamment le refus de Netflix d’exposer ses films suite à la modification du règlement interdisant désormais toute compétition entre productions non distribuées en salle.
Cette année, la sélection officielle souffle un véritable vent d’air frais avec des premiers ou seconds films de jeunes cinéastes. On observe également d’autres cinéastes plus reconnus mais entrant pour la première fois en compétition. Un renouvellement efficace pour plus de découvertes. Parmi elles, Rafiki, de la kenyane Wanuri Kahiu. Objet d’une censure dans son pays d’origine, le film crée la surprise.
L’histoire est celle de deux adolescentes, Kena et Ziki, interprétées par Samantha Mugatsia et Sheila Munyiva. L’une aspire en effet à devenir médecin tandis que l’autre rêve de danse et de voyages. Habitant le même quartier à Nairobi, au Kenya, les jeunes femmes se rencontrent et nouent une relation faite de désir, d’amour et de rendez-vous secrets. Rafiki, adapté du roman de l’Ougandaise Monica Arac Nyeko, dénonce avant tout les difficultés d’aimer une personne du même sexe au sein d’une société enracinée dans ses valeurs conservatrices.
Rafiki, un film censuré pour son engagement
Programmé dans la catégorie Un certain regard, c’est le premier film kenyan sélectionné à Cannes en 70 ans. Révélant un constat alarmant sur les persécutions infligées aux communautés LGBT et homosexuelles dans un environnement où pouvoir politique et religion ne font qu’un. Rafiki fait l’objet d’une censure dans son pays d’origine. En effet, les lois n’ayant pas beaucoup évolué depuis le colonialisme britannique, l’homosexualité y reste illégale. Considérée comme allant à l’encontre de la culture et de la société kenyane. Des faits qui sont dénoncés et qui inquiètent quant à la liberté d’expression.
La réalisatrice affirme : « La commission de censure intimide les artistes avec une telle décision. Le risque est qu’ils n’osent plus s’exprimer librement. J’ai deux autres projets de films au Kenya, un documentaire et un film d’anticipation, mais j’espère que cette décision ne les mettra pas en péril. L’interdiction de Rafiki ne m’arrêtera pas. Je vais continuer de participer au développement artistique de mon pays et à son ouverture aux questions de genre, tout en acceptant de me soumettre à la loi. »
En d’autres termes, si Rafiki ne se déclare pas comme un film politique au sens propre du terme, sa gravité en fait une déclaration engagée. Le film s’adresse à la jeunesse kenyane. Une jeunesse opprimée plus ouverte que ce que le pouvoir politique le souhaiterait.
La note de la rédac’ : un bon plan à découvrir quand la sortie en salle sera annoncée.
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