Scène de Aftersun de Charlotte Wells, montrant Sophie et Calum.

Aftersun : nostalgie d’un été poignant et troublant

Aftersun est le premier long-métrage de la scénariste et réalisatrice écossaise Charlotte Wells. Il s’agit d’un film dramatique abordant la thématique du deuil sans pour autant chercher une explication logique à ce dernier. 

Au casting de ce film dramatique, un père (Calum, 30 ans) incarné par Paul Mescal et sa fille (Sophie, 11 ans), jouée par Frankie Corio, partagent des vacances d’été dans une station balnéaire en Turquie. Encensé lors du Festival de Cannes, que vaut réellement Aftersun ? Lebonplanciné se penche sur la question.

Les dégâts psychologiques provoqués par les souvenirs

Dans ce film, il est principalement question des effets néfastes du souvenir. Ce souvenir, qui, à chaque instant, peut nous chagriner, gâcher nos jours heureux et l’innocence de l’enfance. Le flash-back de ces vacances en Turquie avec son défunt père, d’une Sophie devenue adulte, est l’élément déclencheur. Charlotte Wells fait ici une projection sur sa propre vie, ayant elle-même perdu son père à un jeune âge. Le film devient alors une sorte de thérapie autobiographique, bercée d’émotions. 

Ainsi, la réalisatrice new-yorkaise effectue une projection de sa propre personnalité sur Sophie. C’est d’ailleurs cette projection qui fait qu’il est très difficile de situer le film. Que ce soit dans l’espace ou dans le temps. Cependant, une chose reste constante tout au long de la trame : la relation père fille. Cette relation est d’autant plus spéciale que les deux protagonistes semblent développer un rapport davantage fratricide que le classique schéma patriarcal que l’on observe au cinéma. Dès lors, nous nous attachons inévitablement à l’histoire que ces deux-là nous proposent. 

De plus, les images et transitions proposées par Gregory One, directeur de la photographie, Blair McClendon, le monteur et la cinéaste rendent intemporels certaines scènes du film. Sublimant les images et ajoutant du caractère aux plans. C’est alors que nous réalisons que le drame vécu par les deux personnages principaux n’est pas au centre des préoccupations de Charlotte Wells. Par cette approche artistique, elle transforme une histoire difficile en une expérience sensorielle captivante. 

Aftersun, un film à la fois émouvant et bouleversant

À plusieurs reprises, Aftersun aborde le rapport qu’entretien Sophie et son père avec la fête et la danse. Pourtant, l’on devine lors de ces moments que malgré la complicité qui les lient, elle ne semble pas le connaître plus que ça puisqu’il semble à la fois présent et absent. Et c’est là tout le drame de ce film. Calum reste dans le rôle de père inaccessible malgré son attitude volontaire et tendre. Nous apercevons un homme qui en soit fait de son mieux pour s’occuper convenablement de son enfant. Et cela durant le peu de temps qu’ils passent ensemble.

À travers ce rôle, Paul Mescal s’affirme tout au long d’Aftersun comme un acteur capable de belles intuitions et doté d’une émotivité qui se transcende à l’écran. Il joue également à merveille le spectre émotionnel de Calum. Lui qui tente et échoue dans sa lutte qui l’oppose à ses propres démons. En fin de compte, c’est un personnage blessé. Qui, lorsque sa fille lui expose en pleine face les difficultés financières auxquelles il fait face, esquisse en guise de réponse un rire tendu, mais haut combien touchant. Révélant ainsi la déception qu’il a envers lui-même de n’avoir pas été à la hauteur. 

Un film invitant à se questionner sur le sens de la vie

Finalement, Aftersun fait partie de ces moments du cinéma qui sont à la fois captivant, troublant et émotionnellement prenants. Lors d’un été qui pourrait être celui de tout le monde, nous nous lions à ces deux personnages attachants et à la relation qu’ils entretiennent. Le film atteint son apogée lorsque Calum lorsque nous réalisons que tout ceci n’est qu’un souvenir. À la fois si proche et si loin. Entre amour, colère, joie et regrets, un sentiment d’amertume. 

Pourtant, le film qui fait partie de nos coups de cœur, fait prendre conscience de ce qui est essentiel ou futile dans la vie. Ainsi, il nous dévoile les joies et difficultés à élever des enfants. Suivre ses passions ou combattre ses démons. Car en fin de compte, dans la mémoire de ceux que nous aimons, il ne restera que des souvenirs impérissables.

La note de la rédac’ : un très bon plan

© Copyright photo British Film Institute

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Yann Gibbings

Yann Gibbings

Passionné par l’actualité, le cinéma, les nouvelles technologies, la musique et bien d’autres choses. Lebonplanciné est l’occasion pour moi de partager mes trouvailles, coups de cœurs et ma vision du 7e art. Retrouvez-moi sur mes réseaux pour échanger à propos des films ou séries qui vous ont marqué et vivre cette expérience avec moi.

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